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Françoise D’Eaubonne & l’Ecoféminisme

Caroline Goldblum

Passager Clandestin, collection Précurseur-ses de la décroissance, 2019

Un nouveau venu dans la célèbre collection des Précurseurs de la décroissance qui s’offre avec cette sortie une nouvelle maquette plus aérée et colorée ainsi qu’un nouveau nom : « Précurseur.ses de la décroissance ». Signe avant-coureur d’un renouveau de la collection plus ouverte à des figures féminines jusqu’à présent presque absente (seule Simone Weil y figurait).

Le livre se découpe en deux parties, la première est consacrée à une bibliographie et la deuxième à une sélection de morceaux de textes choisis pour illustrer ses thèses liées à la thématique de la décroissance.

C’est un livre important car il marque le retour des écrits de la chercheuse Françoise D’Eaubonne qui avait été oubliée des figures actuelles de l’écologie après sa mort en 2005. Longtemps épuisés, ses livres sont en partie de retour sur les étals des libraires. C’est assez surprenant pour nous qui la (re)découvront aujourd’hui qu’on ait pu passer sous silence, ses théories, engagements, actions et écrits prolifiques qui résonnent très actuels. Elle est à l’origine du concept d’Ecoféminisme dont l’origine s’explique car « L’oppression patriarcale des femmes et l’exploitation capitaliste de la planète découlent des mêmes mécanismes de domination et doivent donc être combattues ensemble. »

« Son projet de muter vers une société autogestionnaire, fondée sur l’égalité des sexes, des peuples et la préservation de la nature, fait largement écho aux idéaux de la décroissance » et de la vision émancipatrice de l’écologie. Très engagé dans les milieux féministes (MLF), écologistes, homosexuels (Fhar), antinucléaire et d’autres, elle refuse que l’un de ces combats l’emporte sur l’autre. Elle pense également que la « contre-violence » est une nécessité et le 3 mai, elle participe au dynamitage d’une pompe d’un circuit hydraulique de la Centrale nucléaire de Fessenheim (fait découvert par l’autrice dans ses mémoires, Françoise D’Eaubonne n’avait jamais rendu ce fait public) ses revendications sont les suivantes : « Qu’il soit des femmes, des enfants du tiers-monde ou du prolétariat, le combat se doit d’être total. Rappelons que les femmes […] sont à l’avant-garde du refus nucléaire qui n’est autre que le dernier mot de cette société bâtie sans elles et contre elles ».

Très peu suivie sur son concept d’écoféminisme en France (trop essentialiste pour les féministes), elle recevra un bien meilleur accueil en Amérique du Nord et en Australie où elle est parfois invitée pour des conférences dans les années 70-80. Ses thèses sont aujourd’hui remise au goût du jour et ont retrouve des thèses proches chez Vandana Shiva ou Maria Mies.

Les morceaux de textes choisis démontrent une plume souvent acerbe qui ne mâche pas ses mots. Elle maîtrise ses sujets et combats et s’exprime de manière limpide. Elle n’a pas peur de la controverse ni d’écrire distinctement qu’une thèse ou qu’une controverse ne lui plaît pas.

 

William

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