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Jean-Baptiste Comby

Samedi 17 octobre 2015, 16:00 – 17:00, sur la librairie, 1er étage
19:00 – 19:30, au forum, RDC

Retrouvez-le lors de la table ronde Quel climat pour la presse ?, de 17:30 à 19:00.

La question climatique : genèse et dépolitisation d’un problème public
(Raisons d’agir, 2015)

Avec la montée en puissance de la thématique climatique dans les médias généralistes français à partir du début des années 2000, les détracteurs de la « pensée unique » ont pu espérer que les enjeux environnementaux globaux permettraient de colorer le débat public. Alors qu’à l’aube du XXIe siècle les « altermondialistes » donnent de la voix et les commentateurs patentés se gargarisent de l’émergence d’une « société civile » censée limiter l’hégémonie des logiques marchandes, l’accentuation des problèmes écologiques viendrait signaler l’urgence de reconsidérer l’emprise du capitalisme sur l’organisation des sociétés. Or ce n’est pas une diversification de l’idéologie dominante que révèle la médiatisation accrue de la question climatique mais bien les processus au gré desquels les définitions conformistes des problèmes deviennent les plus récurrentes et les plus accessibles dans les espaces du débat public.

Pour attirer l’attention des journalistes sur les changements climatiques, les entrepreneurs de cette cause doivent en livrer une version consensuelle afin de se plier aux verdicts du « plus grand nombre ». L’analyse sociologique de la configuration formée par ces agents permet de comprendre pourquoi ils s’adonnent sans coup férir à ces génuflexions. C’est notamment parce qu’ils ont intériorisé les conceptions indissociablement psychologisantes et marchandes du « bon » reportage comme de la « bonne » campagne de communication qu’ils reprennent en choeur une mélodie climatique s’apparentant à une moralisation des individus sans référence aux logiques économiques et politiques contribuant à la catastrophe écologique en cours. Or c’est précisément parce que les discours « éco-citoyens » occultent le coût environnemental élevé des styles de vie des classes supérieures et moyennes que ces dernières peuvent régulièrement faire leur profession de foi écologique sans avoir à interroger leurs aspirations consuméristes.

En d’autres termes et à rebours des prophéties sur les progrès de la réflexivité au sein des sociétés dites « post-modernes », progrès dont on pouvait attendre qu’ils favorisent si ce n’est la remise en cause du moins le questionnement du cours marchand des choses, c’est plutôt l’adhésion à une organisation sociale tournée vers l’accroissement généralisé mais fortement inégalitaire des capitaux qui est donnée à voir.

Précis et argumenté, cet ouvrage donne une lecture sans concession de l’impuissance des politiques environnementales en France.

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