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Ce qu’on dit des Rroms (et ce qu’il faut savoir)

Jean-Pierre Dacheux

Le passager clandestin, 2015

arton1076Déconstruire toutes les idées reçues sur les Rroms est une démarche audacieuse. Certes, nous sommes partagés entre la ferveur amicale (Kusturica, Jan Yoors, Alice Ferney) et le rejet hostile (j’éviterai des précisions).

S’approcher du peuple Rrom « tel qu’il se pense » (car « il » se pense) est l’objectif du philosophe J.-P. Dacheux , lequel en a une connaissance aussi réelle que profonde.

Derrière le dédale des appellations incontrôlées (!) (Manouches, Tsiganes, Gitans, etc.), se cache un « peuple » (Jan Hanock) européen depuis le XVe siècle. Comment cerner ce groupe complexe, fluctuant et de surcroît mobile ? Dacheux explore et distingue un à un les qualificatifs – ces a priori – finalement très proches tout en étant distincts : mode de vie/intégration, nomades/migrants, mendiants/délinquants, apatride/asociaux.

Ainsi les Rroms sont jugés « nomades ». Eh bien, non, ils sont en majorité sédentaires (les 2/3). Ainsi on les juge « migrants ». Non, ils sont des sédentaires mobiles* qui habitent librement la terre. Ainsi on les juge « apatrides ». Non, ils sont hongrois ou bulgares, etc. sans que cette nationalité soit reconnue.

De fait, ils se comportent en vérité comme de véritables européens, ayant déjà chacun une nation sans territoire ! Reconstruire un peuple à travers les reproches que la société civilisée (d’une certaine façon) lui fait, c’est ici en dénoncer les mensonges et muer ce qui est nié en valorisation !

Ainsi l’auteur apprécie la modestie du savoir-vivre des Rroms, leur possession du strict nécessaire au quotidien, leur lien à la terre de simples usufruitiers (et non de propriétaires), leur vie à travers le voyage ou avec les autres sans jamais se fondre. À l’ONU, le droit les considère comme des « citoyens européens » appartenant à une minorité « la plus marginalisée » souffrant de discrimination. Au terme de cette lecture, une pensée nous taraude : et si notre refus de ces habitudes Rroms était lié au fait que nous les désirons pour nous-mêmes sans oser les mettre en pratique.

*Au demeurant, ce que sont les vacanciers ou les possesseurs de résidence secondaire.

Jane Hervé

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