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Graines d’espoir : sagesse et merveilles du monde des plantes

Jane Goodall

Actes Sud, 2015

jane goodallLire ces Graines d’espoir imprévues permet d’approcher l’univers des plantes sous différents angles. L’auteure Jane Goodall – connue jusqu’alors pour ses études sur les techniques des chimpanzés – se place avec un grand naturel à la hauteur des fleurs, des plantes, des arbres. La primatologue se révèle ainsi être… plantologue (néologisme !). Son itinéraire d’initiatrice s’enracine dans son enfance britannique, s’ancre dans diverses activités (dont celles des « chasseurs » méconnus de plantes, cueillette), fait une longue escale sur sa fascination des orchidées, avant de s’attarder sur le rôle des plantes (comestibles, nuisibles, nourricières, OGM) et de nous inviter enfin à « aller de l’avant ». Comment ? Avec les Instituts Jane Goodall ou Tacare, porteurs de savoir et de pédagogie lucides. Son association Roots and shoots*, véritable hymne au « pouvoir des jardins et des plantes », transmet l’amour et la sauvegarde des graines et semences (en particulier en Afrique) auprès d’enfants désemparés mués en petits « guerriers des jardins ». Le potager devient ainsi partout l’avenir de l’homme en ville ou ailleurs.

Dès l’enfance, l’auteure s’immerge dans une vie qui perçoit plantes et bêtes en amies intimes au milieu de sa famille humaine. Ainsi, à 8 ans, la fillette glisse innocemment une poignée de vers de terre dans son lit, avant que sa mère ne lui précise leur impossibilité d’y survivre ! Elle parle ensuite à son hêtre, juchée sur ses branches pour y faire ses devoirs ou y prendre son goûter. Adulte, elle observe une femelle orang-outang plaçant une large feuille sur la tête pour se protéger de la pluie, alors… qu’elle est à l’abri d’un bâtiment à Taïwan. Entretemps, elle s’interroge délicatement sur la sexualité des fleurs : il n’est pas impossible qu’elles aiment être « chatouillées » par l’abeille. Elle aime « mettre les mains » dans la terre, en sentir la texture, apprécier les plantes par leur parfum et leur couleur. Au fil des pages et des situations, elle révèle sa mystique personnelle de la Nature. Ici, telle plante de tel jardin botanique a peut-être vu tel fameux chasseur de plantes ; là, telle graine de palmier-dattier trouvée par des archéologues est parvenue à pousser 2000 ans plus tard (un « miracle »). Elle évoque aussi les « chasseurs de plantes », ces aventuriers méconnus qui ont bravé – dès le XVIIIe siècle – les intempéries, les autochtones et les brigands, poussés par la détermination de préserver, rapporter au pays et nommer toutes les plantes de la terre. Ils s’appellent Linné, mais aussi Bartram, Commerson, Kew, Douglas… Tous invitent à « l’empathie » (dixit M. Pollan) envers ces « buveuses d’air et de lumière ».

Goodall révèle peu à peu le vécu silencieux des plantes. C’est sans doute le plus troublant et le plus ignoré. Ainsi il existe un « arbre-mère » chez les pins de Douglas, décelé par un déchiffrage ADN. Elle se laisse éblouir par un olivier de Majorque. Sur un arbre de la jungle, âgé de 1 000 ans, elle pose la main et sent sur son « tronc massif » la « force de vie ancienne ». Elle évoque « Mathusalem », ce pin Bristlecone de 4 845 ans (Un ami le photographie en Californie, « vénérant » le lieu comme « une vielle église »). Elle sait parler aux arbres et entendre leur voix, révèle le mariage d’arbres (tradition du Népal). Sensible à leur sagesse, elle rêve qu’un arbre l’entoure de ses branches. Elle entend la voix unique de la forêt mêlant cigale, oiseaux, etc., remarque que son « calme » apaise la souffrance du deuil (perte de son époux). Elle déplore d’autant le carnage de la forêt qu’il faut désormais la sauver de partout (comme ces femmes qui se sont placées chacune devant un arbre pour s’opposer à l’abattage). Il faut aussi lutter contre les OGM (engendrant des nouveaux « super insectes et super mauvaises herbes » résistants, etc.), contre les vols de plantes médicinales autochtones et la destruction de leurs racines par d’avides laboratoires pharmaceutiques. Un impressionnant croisement de combats complexes contre l’empire des Montsanto, DuPont, SYngenta, Basf, Bayer et finalement… contre le règne de l’argent. Le tout poussé par la formidable « volonté de vivre » de ces arbres, dont certains ont survécu à la bombe nucléaire de Nagasaki ou à l’attaque du World Trade Center. Un espoir de futur ? Qui sait ?

Jane Hervé

* Racines et Tiges, 150 000 membres dans 130 pays, impliquant dans un bel élan vers la nature des enfants et des jeunes. Son but est que germe un avenir plus vert (sprouting a greener future)

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