Daniel Quinn
Editions Libre, 2018
traduit par José Malfi
Un homme lit une petite annonce dans un journal : « L’humain une fois disparu, y aura-t-il un espoir pour le gorille ? » Voilà une question bien ambiguë ! On pourrait en effet l’interpréter de deux manières : l’espoir du gorille se situe-il dans l’extinction de l’humain ou dans sa survie ? Commence alors un roman d’apprentissage surprenant.
Daniel Quinn y met en scène un gorille et un homme. L’un est professeur, l’autre pense qu’il n’a que peu de choses à apprendre. L’un sait, l’autre ignore encore. Leur dialogue nous fait rire tant il étonne : il déconstruit pas à pas les récits cadres que l’on connaît tous, Adam et Eve, Abel et Caïn, etc. Le gorille montre que la vision de l’homme et de la femme est anthropocentrée et biaise l’interprétation de ces récits. Mais au-delà de ses explications, Ishmael pose des questions, il fait réfléchir le·la lecteur·rice. L’objectif de Quinn est de décortiquer tous les postulats, les préjugés et les convictions que l’on pense inébranlables sur l’humain. Mieux encore, l’auteur permet de le faire par soi-même car nous voici, en tant que lecteur·rice, à la place de l’élève.
De chapitre en chapitre, Daniel Quinn dévoile un dialogue cocasse, une aventure de l’esprit (comme le mentionnait la première édition*), une réflexion philosophique qui remettent en cause une conception étroite de la nature et de la culture.
Ce texte est capable de vous chambouler, de défaire vos certitudes tout en vous donnant aussi des clefs pour voir le monde autrement. La suprématie humaine n’est qu’une façon construite de voir le monde.
« J’ai un scoop à vous offrir : l’homme n’est pas seul sur cette planète. Il ne représente qu’une partie de la communauté dont il dépend totalement. Avez-vous jamais eu quelque doute à ce sujet ? »
Un ouvrage à lire et à relire, car on oublie parfois que la planète est à sauver de nous-même. Pour continuer cette lecture initiatique, Mon Ishmael est aussi disponible.
Anouchka
* première édition en français, Anne Carrière, 1997