Alessandro Pignocchi
postface d’Alain Damasio
Seuil, Anthropocène, 2019
La ZAD de Notre-Dame-des-Landes foisonne de vie et offre un « autre chose » quand on n’est pas satisfait.e de la voie que prend le reste du monde. On retrouve dans cet ouvrage le thème favoris de l’auteur qui remet en cause notre vision occidentale du monde qui différencie Nature et Culture dans la droite ligne de Philippe Descola (dont l’auteur avait suivi les traces dans sa première bande dessinée Anent : Nouvelles des Indiens Jivaros chez Steinkis).
Ici, l’auteur se met en scène pour montrer ce qu’il y a vécu et la manière dont il a découvert la zad. Il ne parle bien sûr pas au nom des habitants du lieu dans leur entièreté cependant, il se retrouve souvent à l’aise dans les slogans et la manière de vivre le monde de la zad : « Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend. » D’ailleurs Alain Damasio qui signe la postface propose de renommer l’œuvre en Notre-Dame-des-Bandes-Destinées pour réconcilier le vivant avec lui-même. C’est ce qu’on retrouvait déjà dans ses deux bandes dessinées à propos de l’animisme des Jivaros qui est devenu dominant et où un anthropologue amazonien tente de sauver ce qui reste de la culture capitaliste. Cette fois le terrain rencontre la théorie avec beaucoup de clarté. Malgré les faits assez graves lors de l’envahissement de la Zad par les forces de l’ordre, on retrouve de l’humour, des oiseaux qui chantent, des personnes qui font la fête et cultivent leur jardin tout en évitant les bombes lacrymogènes et en étant en permanence surveillé par des CRS. « L’enquête emprunte des chemins imprévisibles sur ce bocage qui, d’emblée, nous absorbe, nous transforme et recompose les liens que nous entretenons avec les plantes, les animaux et le territoire. » La Zad continue, et cette œuvre est un appel poignant à changer notre vision du monde et à rejoindre ses combats.
William