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thoreau et moi

Thoreau et moi

Cédric Taling

Rue de l’échiquier, 2019

Cédric Taling était comme vous et moi. Il menait une vie pépère – bon, artiste peintre et illustrateur à Paris, c’est peut-être pas si tranquille que ça, mais ce n’est pas la question ici – il buvait des coups avec ses amis, il sortait avec sa femme, il élevait ses deux filles. Et puis, Thoreau s’est pointé à un de ses vernissages. Oui, le Thoreau de Walden. Qui a commencé à lui souffler à l’oreille que « Les hommes triment et se trompent. Sous le soc, la meilleure part d’eux-mêmes est vite intégrée à la terre comme compost. Selon ce qu’on appelle le destin, ou plus volontiers la nécessité, ils s’affairent à amasser des trésors bientôt détruits par les mites et la rouille. C’est une vie stupide, ainsi qu’ils le découvriront quand ils en verront la fin, sinon avant. » Et d’autres petites phrases qui ont drôlement résonné avec les questions qu’il aurait bien voulu ne pas se poser, pour rester pépère, justement. Sauf que la critique de la surconsommation, la remise en cause de nos rythmes de vie, la protection de l’environnement et la revalorisation de pratiques qui nous font dialoguer avec le vivant sont des thèmes qui, comme vous et moi, le préoccupaient déjà pas mal… Alors si Thoreau se fait au départ objecteur de conscience virulent, et fait de Cédric Taling le pote un peu trop radical-pessimiste ; il devient petit à petit un formidable compagnon de route intime, prodigue conseils et encouragements salutaires pour une saine prise de conscience : « Chassons les nuages qui obscurcissent nos fronts et absorbons un peu de vie par tous nos pores. » Celui qui a le recul de 164 ans d’écologie politique (Walden, ou La vie dans les bois est publié en 1854) est un complice pour lutter contre le découragement face aux moqueries (ce « bel exemple de compassion bobo » qu’on entend si souvent de la bouche des plus paresseux) et face au scepticisme des filles de notre auteur (qui voudraient bien manger « comme tout le monde. Genre un kebab. Un truc gras, avec de la viande et des frites huileuses. »), ainsi qu’une une balise dans les errements parmi les nombreuses réactions possibles en temps de crise (l’accès survivaliste consumériste au Vieux Campeur est particulièrement drôle – parce que juste).

Le ton très simple et franc du texte ; les illustrations faites de couleurs vives et d’un trait animé complété de techniques numériques, permettent à Cédric Taling de relever un défi décidément important pour notre temps : aborder avec simplicité (et même la petite dose d’humour qui va bien) des questions franchement complexes.

En trois temps – exposition, exacerbation, rémission – il nous embarque dans son aventure, à la suite du conseil du grand écolo : « Faites de votre vie une contre-fiction pour gripper la machine. »

C.T.

 

Thoreau et moi, Cédric Taling, éditions Rue de l’Echiquier, 2019.

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