Karthika Naïr & Joëlle Jolivet
Hélium, 2022
D’abord il y a les images de Joëlle Jolivet : de superbes linogravures aux couleurs franches, au trait naïf et néanmoins précis, qui donnent immédiatement envie de se plonger dans l’album.
Un style graphique qui sert parfaitement l’histoire, conte moderne tirée d’une histoire vraie, dans lequel un village entier, au sud de l’Inde, accepte de rester plongé dans l’obscurité 35 nuits d’affilée pour protéger un couple d’oiseaux. L’été suivant, ce seront tous les oiseaux de la région, reconnaissants, qui voleront au secours des villageois menacés par la famine…
L’histoire est belle, et elle est surtout une mine d’or pour sensibiliser les enfants à une ribambelles de questions touchant l’écologie : la diversité des espèces, la protection de la vie sauvage, le lien humains et animaux, les différences de mode de vie et de consommation sur la planète, la dépendance aux aléas climatiques, la force du collectif, les liens entre les générations, la capacité d’émerveillement qui fédère les villageois, et j’en passe…
De plus, le fait que cette histoire se passe dans notre monde (un monde certes éloigné géographiquement mais actuel, où on communique avec des portables et où on roule à moto) donne particulièrement de force et d’actualité au propos.
Ajoutez à cela une forme originale (un récit enchâssé) et une grande richesse de style et de vocabulaire : en nommant les espèces, les noms, les couleurs sans simplifier ni généraliser, l’auteur rappelle utilement que célébrer la beauté et la diversité du monde, c’est aussi savoir nommer les choses par leur nom.
En résumé, voilà un très bel album qui devrait faire l’objet de riches conversations.
Erika
Dans la sélection du Prix jeunesse écolo 2023 catégorie Lecteurs en herbe